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Dans le carquois
24 mai 2010

-> Splendeurs, vicissitudes et décadences des empires

(Enfin) lu THE WINTER MEN #1-5 et THE WINTER MEN WINTER SPECIAL de Brett Lewis et John-Paul Leon.
The_Winter_Men_01_covCa aura été un peu le parcours du combattant, cette mini-série. D'abord prévu chez Vertigo (deux pages figuraient même en preview dans le numéro anniversaire des dix ans du label en 2003), le projet sera finalement publié dans la collection Wildstorm Signature en août 2005. Initialement prévu en 8 numéros, la mini-série sera en cours de route réajusté à 6. En cause, des ventes faibles et des retards dans la production. Pour finir, en trois ans et demi, il y aura 5 numéros et un numéro special plus épais pour terminer l'intrigue. De quoi décourager les plus patients. Néanmoins, Brett Lewis et John-Paul Leon sont arrivés au bout de leur peine. Et quel peine. Ils nous plongent tête la première dans la Russie post-Soviétique, la Russie corrompue, engluée dans le capitalisme le plus débridée.
Pour nous mener dans cette visite, Kris Kalenov dit le Poète. Un ancien Spetnasz devenu flic, ou du moinsThe_Winter_Men_04_cov homme à tout faire du Maire de Moscou. Kalenov est aussi un ancien membre du programme Winter, programme soviétique destiné à créer des surhumains pour contrer ceux des américains. Afin de contrôler et de surveiller ces surhumains, des unités de soldats en armures furent mises en place, dont l'une dirigée par Kalenov. Après bien des années passées à oublier, cette période de la vie du Poète revient le hanter au cours d'une enquête sur le kidnapping d'une fillette et l'oblige à reprendre contact avec les survivants de son unité.
Pour autant, l'argument SF est, de loin, le moins primordial de WINTER MEN. En fait, à part quelques reférences, ce n'est vraiment que dans le Special qu'apparaîtra le seul et unique surhumain de l'histoire. Ce qui intéresse avant tout Lewis, on l'a dit, c'est la plongée dans la Russie actuelle. Et il faut avouer qu'elle est particulièrement réussie. On sent qu'un gros  travail documentaire -rare chez les scénaristes américains- a été effectué et il se ressent, par petites touches, à travers les dialogues (souvent drôle et plein de verve), les traductions d'affiches ou de tatouages... L'impression de s'immerger est encore plus accentuée par le superbe dessin de John-Paul Leon qui réussit l'exploit d'être à la fois sobre et détaillé, conférant un grand réalisme aux décors de la ruine sociale qu'est devenue la Russie. Lewis dépeint un pays entièrement bouffé par l'invasion culturelle des Etats-Unis, par l'avidité et le capitalisme. Pour autant, l'on continue de s'amuser dans la Russie moderne. Et la camaraderie n'est pas un vain mot. L'épisode le plus réussi est sans le doute le quatrième, qui n'a strictement rien à voir avec l'intrigue principal, mais qui voit Kalenov et son ancien partenaire devenu chef de gang partir en virée une journée entière. Pendant que Kalenov escorte un jeune prisonnier, son partenaire en profite pour régler ses petites affaires de racket ! On boit, on se bagarre, on prend même sous son aile le jeune suspect qu'on embarque dans une mission commando pour voler... une table de McDo. Un parfum de folie douce plane sur l 'épisode, avant sa conclusion, particulièrement cynique. Comme l'a  dit Kalenov dans l'épisode précèdent, c'est une histoire russe. Pas de climax pétaradant qui résout tout dans une carthasis de violence. La violence est là, mais la vie continue après, amère, mélancolique...

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Vu LA CITE INTERDITE de Zhang Yimou.
La_Cite_InterditeUne tragédie shakespearienne à la sauce chinoise, c'est ainsi qu'on pourrait résumer ce film. Même si résumer est une tâche un peu ardue dans ce cas. Tenez vous bien. Nous sommes en 928 après J.C. L'empereur Ping règne sur la Chine et rentre d'un long voyage. A la Cité Interdite, demeure du souverain, c'est l'effervescence pour préparer son retour. L'y attends sa femme l'Impératrice Phoenix, qu'il a épousé en seconde noce, et qui, malade, doit prendre régulièrement un remède concocté par son mari. Celle-çi entretient une relation incestueuse avec son beau-fils, Wan, premier enfant de l'empereur, dont la mère est décédée. Mais ce dernier a de plus en plus de mal à assumer l'amour de sa belle-mère. Il aimerait refuser le trône que lui destine son père et partir au loin avec la femme qu'il aime vraiment, Jiang Chang, la fille du médecin de la Cour. Avant de rentrer, l'Empereur souhaite rencontrer discrètement son second fils, Jai, et le provoque en duel pour l'humilier. Il est persuadé que Jai convoite le trône et espère ainsi lui faire comprendre qu'il n'a aucune chance. Néanmoins, conscient de la valeur guerrière de Jai, il consent à lui offrir le commandement de la Garde Royale le temps de la Fête des Chrysanthèmes. Seul Yu, le dernier des trois fils ne semble pas avoir d'histoire. Il semble cependant surveiller tout le monde de très près. Peu de temps après, l'impératrice a la confirmation d'une espionne que le remède que lui impose son époux est empoisonné. Elle se confie à Jai et lui apprend qu'elle complote depuis plusieurs semaines contre l'Empereur. Pour sauver sa mère, Jai consent à participer au coup d'Etat en mettant la Garde Royale à son service. Pendant ce temps, Wan découvre l'espionne de Phoenix et la présente a l'Empereur Ping. Ils apprennent qu'il s'agit de la femme du médecin de la cour, la mère de Jiang Chang. Mais la découverte du visage de la femme destabilise l'empereur qui renvoie toute la famille du médecin hors de la Cité Interdite. Wan rejoint néanmoins sa bien-aimée qui lui apprend un détail qui met le jeune homme aux quatre-cent coups. Il pressent le coup d'état de sa belle-mère et repart au palais la confronter, aussitôt suivi par Jiang Chang. Juste après leur départ, les assassins de l'Empereur attaque la famille du médecin. Celui-ci meurt, mais sa femme s'échappe et part secourir sa fille. C'est l'ouverture de la Fête des Chrysanthèmes et la célébration va se transformer en carnage lorsque tous les protagonistes seront réunis et que le secret de l'Empereur sera révélé.
Pfffouuu, comme vous le voyez, faut s'accrocher. Malheureusement, la conclusion ne se révélera pas aussi excitante que le laissait présager la longue construction scénaristique. Certes, tout se termine en bain de sang (la petite fouine de Yu s'en prend plein la gueule par son padre) et par une gigantesque bataille rangée, mais au final, les oppositions attendues ne se déroulent pas vraiment et tout se termine de façon trop réactionnaire, avec la figure de l'Empereur despotique toujours en place (même si il prend cher, niveau taux de mortalité dans sa famille). Malgré tout, ca reste un film comme seuls les hong-kongais savent en faire avec de superbes images, construites sur des décors et des costumes sublimes où la couleur joue un rôle capital. Et les prouesses martiales de certains acteurs forcent l'admiration. Et Gong-Li en impératrice est magnifique. Bref, c'est du grand spectacle qui fait vibrer et voyager. On lui pardonnera donc beaucoup·

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Commentaires
V
C'est interessant en tout cas, merci beaucoup !
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