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Dans le carquois
6 mars 2016

-> Les loups sortent de l'ombre

Wolf Hall

WOLF HALL de Peter Kosminsky.
Adaptation de deux romans historiques d'Hilary Mantel, WOLF HALL retrace l'ascension au pouvoir de Thomas Cromwell (Mark Rylance, formidable et qui a, depuis, obtenu un Oscar pour son rôle dans LE PONT DES ESPIONS) qui, de maigres origines sociales, arrivera jusqu'à devenir le premier conseiller du roi Henry VIII (l'extraordinaire Damian Lewis, qu'on ne présente plus). La première moitié de cette mini-série en six épisodes se concentre sur la querelle qui opposa Henry au Pape, ce dernier refusant d'accorder au monarque anglais l'annulation de son mariage avec Catherine d'Aragon (Joanne Whalley), qui ne lui a pas donné d'héritier mâle. Pris d'abord dans la déchéance de Thomas Wolsey (Jonathan Pryce), son mentor, Cromwell saura rebondir en devenant le zélé faiseur du schisme entre le Royaume d'Angleterre et la Papauté, conduisant à la Réforme anglaise. La seconde partie de la série sera consacré à la perte d'influence et à l'exécution d'Anne Boleyn (Claire Foy), la deuxième épouse d'Henry VIII, pour qui Cromwell avait un réel attachement. Il n'hésitera pas cependant à fomenter sa disgrâce, ainsi que celle de ses proches, lui permettant ainsi d'accomplir sa vengeance envers ceux qui ont conduit à la chute de Wolsey.
Largement fictionnalisé par Hilary Mantel, l'histoire de Thomas Cromwell permet en revanche au réalisateur Peter Kosminky (WARRIORS) de s'adonner à un réalisme très poussé dans sa manière de filmer. Il privilégie ainsi le tournage dans des décors authentiques, éclairés à la bougie, tels qu'ils avaient pu l'être à l'époque. L'esthétique rappelle ainsi les tableaux en clair-obscur du Caravage, ce peintre italien de la fin du XVIème siècle. Les scènes se déroulent essentiellement en intérieur, et on croise peu de figurants. Une réalisation à l'économie, mais qui installe une ambiance feutrée et rigoureuse. D'ailleurs, Kosminky imprime un rythme lent au déroulement de la série. Même si la période fut sanglante et cruelle, l'action est avant tout psychologique et politique. Elle avance au gré des joutes intellectuelles ou des silences plein de sens. Autant dire que c'est un véritable régal à jouer (et à voir jouer) pour des acteurs de la trempe de Rylance ou Lewis.
Par son image atone et sa lenteur, WOLF HALL est donc beaucoup moins accessible qu'une série comme THE TUDORS, qui évoque la même période, mais elle représente sans doute bien plus la réalité ascétique et rigoureuse de l'époque, tout autant que ses batailles intellectuelles et politiques. Cela en fait également un objet bien plus fascinant.

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