Mercredi 28 juin 2006
On ne devrait pas être surpris puisque c'est chaque fois la même chose, mais l'aplomb avec lequel s'est fait continue pourtant de surprendre. Quoi donc ? Mais le retournement de veste général envers l'Equipe de France, voyons. Critiquée, vilipendée, vouée aux gémonies hier matin encore. Trop vieille, trop fatiguée, trop usée, trop endormie. Pas assez conquérante, pas assez joueuse, pas assez endurante, pas assez motivée qu'elle était l'équipe de France. Aujourd'hui, le France entière est fière, porte haut les couleurs du troisième age et revendique son équipe de vieux briscards. Et on s'enflamme pour une équipe qui ne sait bien jouer que dans les grands moments de la compétition, seule face à l'adversité, et patati et patata... Enfin, vous l'avez entendu -subi- comme moi, les journalistes ont asséché leur dictionnaire d'épithètes glorieux pour fêter la victoire footballistique d'hier soir, contribuant ainsi à ce grand exercice d'amnésie collective. Oubliés les critiques sentencieuses et les avis d'autorités tombés chaque jour depuis le début de la compétition au Café du Commerce, entre deux petits jaunes. Aujourd'hui, la mode est à la chasse aux traîtres, aux oiseaux de mauvais augure. Il fallait entendre ce matin les animateurs de Skyrock dénoncer les piques discrètes et quotidiennes d'un Jean-Pierre Pernaut qui, en bon suiveur de son public, n'y croyait pas. C'était oublié un peu vite que Difool et sa bande n'avait pas été en reste non plus dans le charclage médiatique des Bleus. La mémoire sélective en pleine action. Et intéressant retournement de situation de voir les joyeux beatniks aux cheveux longs qui font prout à la radio vouloir tenter un concours de beauferie patriotique avec le King du terroir franchouillard. Trois à jours à passer du même tonneau, à se repasser les images de la finale de 98 dans l'attente d'un petit shoot d'euphorie qui fera remonter le moral de la population. Vivement samedi qu'on se fasse enfin éliminer, tiens !