Le bougre ne recule devant rien ! Après vous
Le bougre ne recule devant rien ! Après vous avoir renvoyés à des rédactions plus compétentes, voici que l'auteur de DLC recycle. Ctrl C et Ctrl V ont donc le plaisir de vous présenter en exclusivité locale, nationale, mondiale, voire même d'ici, à quelques années-lumière, intersidérale et intergalactique (le temps que ces faignasses de photons aient atteints Proxima Centauri et ses copines) le dernier article que j'ai pondu pour le bulletin Jeune République; la feuille de chou militante à laquelle je participe. Ou comment remplir son blog avec un copier-coller.
Caricatures et liberté d'expression
L'affaire dite des « Caricatures de Mahomet » a au moins eu un mérite, celui de permettre un débat sur la liberté d'expression et la laïcité. On le sait depuis les affaires du voile, la religion musulmane est un défi pour la laïcité française. Il s'agit de la première religion post-loi 1905. Les religions chrétiennes et juives sont depuis longtemps présentes dans le pays et elles ont accompagnées (parfois essayant de la contrecarrer) la lente évolution des moeurs et des pratiques qui ont conduit aux lois de 1881 sur la liberté d'expression et de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat. La troisième grande religion monothéiste s'est, elle, imposée en France bien plus tard, l'obligeant à des adaptations et des ajustements qui reste aujourd'hui encore difficiles. Les 12 caricatures du journal danois Jyllands-Posten qui ont créés le psychodrame international de ce début d'année l'ont prouvées.
Rappelons d'abords les tenants et les aboutissants de cette affaire. Au mois de septembre 2005, une polémique se fait jour au Danemark. L'auteur d'un livre sur le Coran se plaint que beaucoup de dessinateurs aient refusé de l'illustrer de peur de représailles. Dans un pays encore marqué par l'assassinat de Théo Van Gogh, on s'interroge sur la peur de la critique de la religion musulmane. En réponse, douze dessinateurs livrent des caricatures du prophète au Jylland-Posten. L'histoire aurait pu s'arrêter là si un groupe islamique n'avait pas chargé différents imams d'effectuer une tournée des capitales arabes pour sensibiliser à la situation danoise, rajoutant au passage trois nouveaux dessins, pour le coup gravement insultant ceux-là (deux d'entre eux sont tirés d'un site Internet d'extrême droite américain). Il suffit de quelques semaines pour mettre le feu aux poudres. De nombreuses manifestations sont organisées, conspuant l'Occident, appellant parfois aux meurtres des caricaturistes, mais surtout causant la mort de dizaines de personnes. Nombre d'observateurs se sont étonnés de voir dans des pays dirigés par des régimes dictatoriaux s'organisaient ainsi « spontanément » ce type de manifestations. En plus des extrémistes, nombres de régimes y ont vu un bon moyen de canaliser les mécontentements de leurs populations vers l'extérieur plutôt que sur leurs propres travers.
Loin, pour la plupart, de tout extrémisme et censément débarrassé des liens avec des puissances étrangères, les organisations musulmanes françaises ont pourtant elles aussi participaient à cette remise en cause du droit fondamentale à la libre expression. Le 1er février, le journal France Soir, au nom de la liberté d'expression, publie les 12 caricatures danoises, bientôt suivi par Charlie-Hebdo. L'hebdomadaire satirique fait alors l'objet de poursuites judiciaires lancées par le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) pour saisir le numéro avant sa sortie. Requête rejetée sur une erreur de forme. Mais le CFCM n'en a pas moins maintenu des poursuites contre le journal. Ils se sont pourtant heurtés à un problème d'importance. Dans un état laïque qui protége les cultes, mais n'en privilégie aucun, difficile d'invoquer le blasphème comme délit. Le racisme et la xénophobie ont alors ont été invoqués *, mais difficile pourtant de voir dans les 12 dessins plus qu'une stigmatisation de l'extrémisme à moins d'avoir l'esprit biaisé. Ce n'est donc sûrement pas dans l'intérêt des autorités musulmanes de France de se lancer dans une telle bataille. La critique, l'ironie sont sans doute un passage nécessaire à l'intégration de la religion musulmane dans la République. Ce n'est, à n'en point douter, un passage peu agréable pour les croyants, mais à vouloir faire de l'Islam une tout d'ivoire inattaquable, on contribue à faire de celui-ci un culte à part, différent, prêtant le flanc à la stigmatisation et à l'intolérance. S'intégrer, vivre avec d'autres nécessite forcément d'oublier un peu de son ego.
Et si les musulmans se sont sentis attaqués par ces dessins, est-ce que les athées ne peuvent pas, eux, se sentir offensé à l'idée qu'ils ne peuvent pas se moquer des religions ? Qu'on cherche à leur interdire d'exprimer leur croyance dans l'idiotie et le ridicule de celle-ci ? Que ça plaise ou non, dans notre République laïque, le blasphème reste une liberté. Une liberté qui n'est pas forcément acquise face à des religions peu habituées à la sécularisation, comme on vient de le voir, mais face aussi aux religions "historiques". On se souvient de cette fameuse publicité parodiant La Cène qui fut interdite par l'action des Evêques de France. Il convient donc d'être vigilant afin que libertés d'expression et laïcité, qui sont autant des libertés que des garde-fous, soient respectées.
* Suivi en cela par le MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples)
Pour la rédaction de cet article, l'auteur a consulter avec intérêt Caricatures de Mahomet du journal Jyllands-Posten sur Wikipédia.