-> Rencontre lexovienne
Hier, le dessinateur
Michaël Minerbe dédicaçait sa série CHESS (Les Humanoïdes
Associés) à la librairie La Plume au Vent. L'occasion de pousser un
petit cocorico car l'auteur est un lexovien de souche. L'occasion
également de parler de ce diptyque qu'est CHESS, scénarisé par les
frères Bruno et Sylvain Ricard.
Christof Anatoli Dorvechess, dit
Chess, est un ancien des Forces Spéciales devenu mercenaire. Dans un
futur proche où un astéroïde a rayé les Etats-Unis de la carte,
il se vend au plus offrant, aussi bien à la pègre qu'aux nouvelles
puissances, le monde arabe et la Chine communiste. Sa nouvelle
mission, au début de l'intrigue, l'amene à attaqué un camp
militaire où est détenu un jeune garçon que de nombreuses factions
semblent convoitées. Flairant le bon coup financier, mais ignorant
tout à son sujet, il embarque le môme pour une longue fuite à
travers l'Asie Centrale, devenant ainsi le pion d'une partie d'échecs
grandeur nature entre un espion arabe et un général chinois.
Sur
un pitch qui rappelle furieusement le BABYLON BABIES de Dantec, les
frères Ricard file la métaphore entre espionnage et jeu d'échecs
(rappelons, pour les non-anglophiles, que Chess est le nom des échecs
en anglois). Le rapprochement s'effectue plutôt de belle façon dans
le premier tome où l'action et les manigances politiques se
répondent de manière efficace. Le deuxième tome verra
malheureusement le délitement de ce procédé avec une intrigue qui
s'effiloche au fil des pages, pour expédier le final en quelques
coups de cuillère à pot dans la dernière ligne droite. Cette
conclusion hâtive s'explique sans doute par les problèmes qu'ont
connus les Humanos l'année dernière, forcant vraisemblablement les
scénaristes à boucler rapidement une histoire prévue pour s'étaler
sur un plus grand nombre de tomes. Entre une série inachevé et une
série trop vite conclue, il a sans doute fallu choisir. En tout cas,
il faut admettre que la précipitation se sent également sur le
dessin, dans les dernières pages du second opus. Un dessin qui, par
ailleurs, vaut largement le coup. J'ai d'ailleurs pu agréablement
échanger avec le dessinateur à ce sujet hier. Il expliquait avoir
opté pour deux techniques différentes d'encrage entre les deux
tomes. L'un au Rotring, plus carré, l'autre au pinceau, plus délié.
J'avoue, au final, une petite préférence pour le premier, peut-être
moins séduisant au premier coup d'œil, mais qui installe une
agréable ambiance de paranoia froide, idéale pour ce genre de
thriller. Pour autant, avouons que le monsieur est talentueux avec un
crayon en main et je ne résiste pas à l'envie de vous montrer ma
dédicace. Et de vous inviter à surveiller son nom dans les
librairies dans les prochains mois.