C'est la lutte finale!!
->Vu DERNIER MAQUIS de
Rabah Ameur-Zaimeche.
Drame social, DERNIER
MAQUIS raconte, par plan-séquence, la vie quotidienne dans une
petite entre prise de palettes de la région parisienne. Une petite
entreprise qui se divise entre la manutention de palettes, dominée
par des ouvriers de l'Afrique Noire et la mécanique, dominée par
des ouvriers arabes. Tous sont musulmans, ou rêve de le devenir,
comme le personnage dont les mésaventures de sa conversion, à la
fois cocasses et pathétiques, occupent la première partie du film.
Pour le bien être de ses employés, le patron de l'entreprise (Rabah
Ameur-Zaimeche) décide de financer une mosquée, dont il nomme
l'imam. Les ouvriers de la manutention s'en félicite, ceux de la
mécanique se méfient de la connivence patronat-religion. Et ils
ont raison, car l'imam suit les indications du patron. Drôle de
bougre, celui-là. Nommé Mao, un patronyme qui peut s'entendre comme
le chef de la révolution communiste chinoise ou comme le diminutif
du prophète Mahomet. Il pilote l'imam, mais se soucie de ses
ouvriers. Il négocie une augmentation avec les ouvriers de la
manutention par l'intermédiaire du « chef du village »,
car les musulmans d'Afrique noire reproduise à l'intérieur de
l'entreprise l'organisation d'un village tribal. Mais il tente
également de fermer la partie mécanique. Un geste qui va pousser le
dernier segment du film. Les ouvriers de la mécanique se refuse au
sort du chômage et organise un blocus de l'entreprise.
Y arriveront-ils ? On ne
le saura pas. Le film s'arrête avant. Il n'est qu'une tranche de
vie. Un morceau de la vie de l'entreprise filmé en long
plan-séquences contemplatifs et naturalistes. La plupart des acteurs
sont amateurs, les scènes souvent improvisées. Pourtant, les plans
sont particulièrement bien travaillés. L'esthétique, au sein d'une
entreprise pleine de palettes uniformément rouge, particulièrement
mise en valeur. La palette est d'ailleurs un symbole. C'est l'outil
qui permet de transporter en gros tous les produits de consommation.
C'est un peu le socle physique de la vie économique. DERNIER MAQUIS
est un drame prolétarien qui interroge le lien entre travail et
religion, travail et immigration, comme à la fin du XIXème siècle
avec la religion catholique et les vagues d'immigration italiennes,
espagnoles ou polonaises. DERNIER MAQUIS ou l'esprit de Zola toujours
vivant à l'orée de 21éme siècle.