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Dans le carquois
26 août 2007

« Le monde est absurde, pensa-t-il, les morts s'y promènent en liberté et je ne m'en étonne même plus... »

Je_suis_une_L_gende« Écrit du point de vue du dernier survivant, ce très impressionnant roman a le mérite de rationaliser en pure science-fiction un des motifs les plus célèbres de la littérature fantastique. Aux cotés des deux premiers romans d'Alfred Bester, Terminus les étoiles et L'Homme démoli – qui à la même époque proposaient un rapprochement très convaincant entre la science-fiction et le roman policier-, Je suis une légende est une des pierres fondatrices de l'Esthétique de la Fusion. En bousculant les frontières entre les ghettos des littératures dites de genre, celle-ci présidera, au cours des années quatre-vingt-dix, à l'émergence d'une nouvelle littérature fusionnelle qui explosera au tournant du millénaire. » C'est ainsi que Francis Valéry parle du livre de Richard Matheson dans son guide de lecture, Passeport pour les étoiles. Le hasard a voulu que je lise L'homme démoli et Je suis une légende à la suite(sachant que Terminus les étoiles m'attend bien sagement également) sans m'être rappelé que Valéry les considérait tout deux comme des pierres angulaires de la littérature de genre. Il n'y a pas grand chose à rajouter aux mots de Valéry. Ce roman est un livre impressionnant par son ambiance de fin du monde que vient contrebalancer la vie finalement banale et routinière que tente de préserver Robert Neville, le dernier homme sur Terre à ne pas avoir été victime d'un virus vampirique qui a transformé tous les êtres humains en suceurs de sang. Comme d'habitude chez Matheson, une écriture d'une efficacité et d'une rigueur à couper le souffle pour un sujet passionnant. L'écrivain propose une vision scientifique et rationnelle d'un mythe folklorique, le vampirisme, et lui donne ainsi une réalité triviale où sang, bestialité et sexe (de façon assez subtile, on est en 1954, Les amants étrangers de Farmer n'a que deux ans) se côtoient. Pas de romantisme, ni de vision gothique dans le fait de chasser le sang du premier venu. Le vampire est un malade, la victime d'un bacille présent au sein de l'humanité depuis des siècles, qui a muté et s'est brutalement répandue par le biais de tempêtes et d'insectes. La grande idée du livre, c'est finalement de retourner la façon d'appréhender les vampires. De légendes monstrueuses, ils passent au stade de successeurs de l'humanité. Neville devient l'exceptionnel, le monstrueux aux yeux de la nouvelle race dominante. Et sa mort n'en fera bientôt plus qu'une légende, le dernier représentant d'une race maintenant éteinte. Classique de la SF, ce livre court et dense est vraiment à recommander. A lire d'urgence avant de voir le film de Francis Lawrence avec Will Smith qui sortira en fin d'année.
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Commentaires
M
Coucou! :)<br /> Et bien j'avoue que c'est la première et meilleure critique qui me donne enfin envie de lire ce grand classique...jusque là je restais encore très hésitante malgré le grand succès du dit roman! C'est donc sans plus d'hésitations que je me lancerais à sa lecture.<br /> <br /> De plus j'hallucine je ne savais pas que ce film était sorti... Il faut absolument que je le voye!!!<br /> Merci!!!
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