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Dans le carquois
21 mai 2007

Iron Man: Extremis

Lorsqu'en 2005, Marvel décide de relancer au numéro 1 plusieurs de ces titres liés aux Vengeurs, elle confie la série IRON MAN au scénariste Warren Ellis et à l'illustrateur Adi Granov. Ellis est une star et Granov a bluffé son monde avec ses couvertures peintes numériquement sur le volume précédent de la série. Sur le papier, ce n'est donc pas loin de ressembler à une dream team, mais la réalité va être un vrai cauchemar pour Marvel. Car si Granov fournit de superbes pages, il les fournit au compte goutte. Pour terminer la saga Extremis que forment ces six premiers numéros, il faudra quasiment un an et demi.

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Un parcours chaotique

Un an et demi donc, mais pour quel résultat ! Panini ne s'y trompe pas en proposant cette saga dans un luxueux volume cartonné. Les planches sont tout bonnement magnifiques et la colorisation par ordinateur convient parfaitement à l'ambiance métallique de la série. De plus, l'artiste a la bonne idée de ne pas tomber dans le piège de l'illustration figée. Les scènes de combat ne sont pas statiques et malgré le réalisme, les personnages n'étouffent pas sous les décors. On sent là un Granov particulièrement influencé par l'école METAL HURLANT. La surprise est heureuse car mise à part ces couvertures et une courte série confidentielle chez Dreamwave, il n'avait jamais vraiment fait parler de lui en matière de BD, puisqu'auparavant, il était essentiellement designer de jeux vidéos. Mais la qualité se paie. Déjà handicapé par un lancement trop rapide afin de coïncider avec les autres relancements de séries associées, la série va prendre un retard considérable. Conciliant, Granov va même proposer de confier à quelqu'un d'autre la mise en couleurs de ces planches. Mais Marvel refuse. La maison d'édition préfère joué sur l'unité graphique en ayant déjà l'oeil sur le futur recueil de librairie. Il faut dire que cela fait maintenant un moment que la firme privilégie la fabrication des Trades Paperbacks à celui des fascicules mensuels. Cela se traduit également par une dilution des intrigues. Ce qui aurait auparavant pu être raconté en deux-ou trois numéros doit l'être maintenant en 6 ou 8 pour pouvoir en faire des bouquins bien épais.

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Ellis en mode Ellis

C'est malheureusement ce qui arrive ici. L'histoire tourne autour d'une technologie électronique qui a pour nom Extremis. Injecté dans le corps humain, cette technologie modifie l'individu pour en faire un sur-homme. Mais Extremis est volé pour le compte d'une milice d'extrême-droite. Maya Hansen, une des créatrices d'Extremis, fait alors appel à son vieil ami Tony Stark pour l'aider. Iron Man devra bientôt affronter le dangereux Mallen. Celui-ci a expérimenté le sérum et est devenu un être surpuissant au point que l'armure du Vengeur Doré ne s'avérera pas suffisante. Résumé comme ça, pas de quoi en faire 6 fois 22 pages. Qui plus est, il y a comme un arrière-goût de déjà-vu. Des terroristes racistes, des manipulations biologiques, on est dans l'univers bien balisé de Warren Ellis. Dans des oeuvres comme STORMWATCH, EXCALIBUR ou DV8, il a déjà abordé ces thèmes maintes et maintes fois. Pourtant, Ellis parvient à s'en tirer avec les honneurs. D'abord parce que le personnage de Tony Stark semble l'inspirer. Le scénariste le présente comme un scientifique qui veut changer le monde, le rendre meilleur par le biais de la technologie. Pour autant, il a dû mal à gérer ce qu'il a du faire pour se donner les moyens de son rêve. En effet, avant d'être cet industriel richissime, Stark a du travailler pour l'armée américaine et concevoir des armes, dont des mines qui continuent de blesser. Ce conflit est posé dès le premier numéro dans une scène où il est interviewé par un pseudo-Michael Moore. Tout au long de l'arc va se greffer de fréquentes réflexions et interrogations sur la science et ce qui peut en être fait. Stark va même jusqu'à se demander si au fond l'armure d'Iron Man n'est pas qu'une arme comme une autre et s'il ne s'est pas trompé de voie.

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Du nouveau sous le soleil

On le voit, Warren Ellis a opté pour une vision très réaliste. Il faut dire que le scénariste est passionné par tout ce qui touche à la science et à la technologie. Il multiplie les références avec le monde réel, la technologie présentée est crédible, on est très loin du techno-délire des versions précédentes où l'armure d'Iron Man tenait toute entière dans une mallette. Ellis s'en amuse d'ailleurs au détour d'un dialogue. Dans son entreprise de modernisation, il en vient même à revoir les origines du héros. Ce n'est plus en Asie que le jeune Stark se prend un shrapnel en pleine poitrine, mais dans l'Afghanistan des Talibans. De même, les combats sont dépeints de manière très crédible. A ce titre, la baston sur l'autoroute est très impressionnante. Après la mini-série L'INEVITABLE parue le mois dernier en kiosque, le retour sur le sol français du Vengeur Doré se fait donc sur les meilleurs auspices. Bien que développant chacune des thématiques et des des approches différentes, ces histoires sont particulièrement agréable. On déplorera donc la maladresse de l'éditeur français qui a publié L'INEVITABLE un mois avant EXTREMIS, spoilant ainsi le dénouement final. Dénouement qui promet des développements futurs des plus intéressant.

Iron Man vol.IV# 1-6 (Warren Ellis/Adi Granov) in  IRON MAN: EXTREMIS,  coll. Marvel Graphic Novel, Panini Comics, trad: Khaled Tadil,144 pages, 18,50 €.

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