Captain Marvel
Après avoir quitté HULK, après plus de onze années d'écriture, Peter David s'éloigne de la Marvel. Son activité se rabat essentiellement sur les deux séries DC qu'il a gardé: SUPERGIRL et YOUNG JUSTICE. Il continue également à écrire SPY BOY pour Dark Horse. Pourtant, il ne faut pas longtemps à David pour revenir chez l'éditeur de Spider-Man. En effet, après le succés de la maxi-série AVENGERS FOREVER, Marvel a décidé de créer une série mensuelle dérivée. Elle aura pour héros Captain Marvel, protagoniste de la maxi-série, qui a la particularité d'être psychiquement lié à Rick Jones, l'éternel compagnon de Hulk et personnage fétiche de David. Il n'en faut pas plus pour que le génial scénariste prenne les commandes de ce nouveau titre, dont le premier numéro sort en novembre 1999, soit un an à peine après son départ de HULK.
Le fils de son père
Captain Marvel est le deuxième du nom. Le premier était un extra-terrestre de la race des Krees qui se prit d'affection pour la Terre et en devint le protecteur cosmique, aidé en cela par des bracelets quantiques. Lors d'une mission, il fut cosmiquement lié à Rick Jones. Cosmiquement lié ? Voilà une expression qu'on ne trouve vraiment que dans les comics ! Cela signifie, en tout cas, que les deux hommes se partagent leur place sur Terre. Quand Captain Marvel frappe ces bracelets, il est envoyé dans la Zone Négative, une dimension paralléle, tandis que Rick en sort pour prendre sa place et vice-versa. Bien sûr, les deux compères peuvent communiquer entre eux par delà les dimensions. Cependant, Marvel et Jones furent séparés, et le héros Kree mourut quelques temps plus tard d'un cancer. Ce que l'on ne savait pas, et lui non plus d'ailleurs, c'est qu'il avait un fils. Ou, du moins, un rejeton génétique basé sur son ADN et sur celui d'Elysius, sa compagne. Un petit coup d'accélerateur d'évolution et en à peine quelques années l'on voit débarqué un solide gaillard de 18 ans appellé Genis. Il squattera réguliérement les pages des séries cosmiques de Marvel et plus particuliérement SILVER SURFER. Un Surfer qui a bien du mal à inculquer la notion d'héroisme au jeunot, plus interessé par la beuverie et la bagatelle que par les combats contre les tyrans spatiaux. Pourtant, peu à peu, Genis va accepter le poids de ses glorieuses origines, et va utiliser les bracelets de son père pour tenter de faire le bien, avec plus ou moins de succés et de bon sens. Ce sera l'occasion de lancer une série CAPTAIN MARVEL, écrite par Fabian Nicieza durant l'année 1995. Une série qui fera un flop complet au bout de 6 numéros.
Ascension
A partir de là, rien ne prédestinait Génis à une carrière super-héroique digne de ce nom. C'était sans compter sur Kurt Busiek et sur Carlos Pacheco, qui dans leur maxi-série AVENGERS FOREVER, introduisent un Génis new look, plus puissant et ayant repris les costume de son père. Cela lui donne autrement plus de classe que son costume précédent, déjà has-been dès sa première apparition. Au cours des remous temporels qui se déroulent dans la maxi-série, Rick Jones, encore lui, se retrouve de nouveau lié à un Marvel, à la différence près que cette fois, ce n'est pas la Zone Négative que les héros visitent, mais le Microverse, un univers qui se cache dans l'infiniment petit.
C'est ainsi que démarre la nouvelle série. D'emblée, David pose de nouvelles règles. Alors que Jones et Marvel Senior s'entendaient à merveille, c'est loin d'être le cas avec le fils. Ce qui nous vaut des joutes verbales d'anthologie. La principale caractéristique de la série est en effet un humour debridé, qui passe souvent par les dialogues excellement écrit. David anime une galerie de personnages, certes, réduite, mais dont les relations tumultueuses entre eux ajoutent un piment incomparable. Outre Marvel et Jones, il y a Marlo, la femme que Rick essaie de reconquérir et qui essaie de gérer un magasin de comic-books, il y a Moondragon, télépathe alien, imbue d'elle même, insupportable, mais allié fidéle, il y a aussi l'employé de Marlo au magasin, qui change tout le temps de nom. Last, but not the least, il y a Lorraine, la grande trouvaille de David. Lorraine est un fantôme qui hante en permanence Marlo et ne peut s'empêcher de tout commenter avec un cynisme à toute épreuve, ce qui donne des tirades hilarantes. Lorraine va découvrir, malgré elle, que fréquenter des héros est une source d'ennui insondable ! Grâce à ces quelques personnages et à des guest-stars bien choisies, le titre est d'un dynamisme rarement vu en comics depuis la Justice League de Giffen et DeMatteis en 86. C'est du sitcom sur papier et c'est le lecteur qui ponctue les vannes de ses rires. De plus, David accompagne le tout d'un formidable second degré. La carrière de Jones avec les super-héros et le travail de Marlo lui permet de détourner tous les poncifs du genre et de donner son avis sur le monde des comics. Il n'hésite pas à se payer la tête de ses confrères et même des fans, ces fameux « Geeks » américain.
Bwa-ha-ha-ha
En plus d'un plaisir de lecture sans cesse renouvelé, CAPTAIN MARVEL bénéficie du concours d'un des tout meilleurs artistes du moment, CrissCross. David a toujours su tirer parti des qualités de ses dessinateurs. Içi, il a la chance de travailler avec un dessinateur dont les visage sont parmi les plus expressifs, à la limite du cartoon. Un style qui s'avére particuliérement bien adapté à l'ambiance de la série. Cross est aussi un formidable dessinateur d'action, rendant à merveille la puissance de Captain Marvel. L'une des seules choses qu'on pourra reprocher à ce duo bien coordonné, c'est un manque d'envergure dans ses premiers numéros. Le héros cosmique ne quittait pas la terre et ses ennemis ne sont guère charismatiques. Il faudra attendre le numéro 17, et l'apparition de Thanos, pour que la série décolle vraiment et que les aventures de Genis prennent une tournure épique. Les épisodes de Thanos sont malheureusement dessiné par Jim Starlin, l'auteur des aventures de Marvel père dans les années 70. Si son style était loué à l'époque, il a maintenant pris un sacré coup de vieux, encore plus marqué par la comparaison avec l'artiste régulier. Cependant, CrissCross revient vite aux affaires et David poursuit sur sa lancée en envoyant Marvel combattre Blastarr dans la Zone Négative. Depuis, la série a connu une montée en puissance jusqu'a une apothéose récente.
U-Decide
On l'a dit plus tôt, Peter David n'hésite pas à donner son avis sur le monde des comics. Son franc-parler lui a fait s'aliéner le président de Marvel, Bill Jemas, Celui-çi avait pour projet d'augmenter le prix de CAPTAIN MARVEL, arguant du fait que la série ne se vendait pas assez bien. David a contre-attaqué, affirmant que Jemas n'avait jamais soutenu la série. S'en est suivi d'un débat houleux où l'inimitié entre les deux hommes s'est clairement fait sentir. On trouve finalement un compromis avec le lancement de l'opération U-Decide. Il s'agit de relancer CAPTAIN MARVEL au numéro 1 tandis que Jemas et son rédacteur en chef, Joe Quesada lancerait chacun leur propre série le même mois. Au bout de six mois, on ferait les comptes. La série se vendant le mieux aurait le droit de continuer, tandis que les deux autres seraient annulées. Et il existe finalement bien une justice en ce bas monde, car c'est CAPTAIN MARVEL qui remporta les suffrages. Faut-il voir y voir une basse revanche ? Toujours est-il que à peine quelques mois plus tard, Marvel annonce le relévement de ces tarifs pour un certain nombre de ses titres, dont, coïncidence, CAPTAIN MARVEL
Depression
Et qu'en est-il de ce nouveau volume des aventures de Genis ? D'abord, un incroyable changement d'ambiance. La série, qui était drôle et enlevée, est devenue beaucoup plus mature et sombre. Genis y est, en effet, corrompu par son pouvoir. Perturbé par le fait de prédir l'avenir et de ne pas pouvoir pour autant rendre le monde meilleur, il sombre peu à peu dans la folie, sans que Rick Jones, prisonnier du Microverse, puisse faire quoi que ce soit. La transformation de Genis se traduit par un nouveau costume, inspiré de l'uniforme militaire Kree, la race d'origine de son père. Au cours du premier arc, qui dure six numéros, on assiste à cette descente aux enfers qui se conclue par la destruction de l'univers. Rien que ça ! L'univers s'en remettra, rassurez-vous, mais à l'issue de cette première histoire, Captain n'en est pas plus guéri. Pire, dans l'arc suivant, il se prend pour un dieu. La tournure résolument sombre que prend le titre s'accompagne de la disparition de tous les autres persos qui peuplaient les pages. Dorénavant, Genis et Jones sont seuls, face à face. Si l'humour continue à être présent par petites touches, ce n'est plus le propos. David a resserré l'intrigue autour de la psychologie de Captain Marvel. C'est en soi une évolution logique, tant la précédente série faisait la part belle à Rick, au point parfois de reléguer Genis au rang de faire-valoir. Si on se gondole moins à la lecture, on n'en est pas moins captivé par ces aventures. David maitrise tous les genres et confirme son statut de scénariste génial. Quoi qu'en dise un ex-président de compagnie. Cela n'a pourtant pas empêché ce second volume de s'arrêter lui aussi au numéro 25. Il est fort probable que l'absence de CrissCross et une intrigue beaucoup plus exigeante auront découragés nombre de lecteurs de poursuivre l'aventure. Le dernier carré de fidéles lancera une pétition pour tenter de sauver la série, mais même David jettera l'éponge. Il préfére en effet appeler à soutenir FALLEN ANGEL, une série plus personelle qu'il écrit chez DC et qui a encore plus de mal à se vendre. Hélas, au final, aucune des deux séries ne survivra. David parviendra quand même à faire renaitre FALLEN ANGEL chez un autre éditeur. Le destin de Genis, lui, sera plus sombre. Séparé de Rick, il retombe entre les pattes du scénariste Fabian Nicieza qui le colle dans son équipe des Thunderbolts. Il y change de costume et aussi de nom pour devenir Photon. Une initiative qui détruit tout le travail effectué par Busiek et David pour en faire un héros de premier plan.
Traductions françaises
Captain Marvel volume 3 (#0-35, janvier 2000 - octobre 2002)
- CAPTAIN MARVEL v3 #0 (David/Cross) in WIZARD #5 1ére série (Panini Comics, décembre 2000)
- CAPTAIN MARVEL v3 #1-5 (David/Cross/Fry/Lim) in MARVEL HEROES HORS-SERIE #1 (Panini Comics, janvier 2001)
- CAPTAIN MARVEL v3 #6-11 (David/Cross/Starlin) in MARVEL HEROES HORS-SERIE #5 (Panini Comics, juillet 2001)
- CAPTAIN MARVEL v3 #12 (David/Cross) in MARVEL HEROES HORS-SERIE #9 (Panini Comics, décembre 2001)
- CAPTAIN MARVEL v3 #13-18 (David/Nicieza/Cross/Zircher/Starlin) in MARVEL HEROES HORS-SERIE #10 (Panini Comics, janvier 2002)
- CAPTAIN MARVEL v3 #19-23 (David/Cross) in MARVEL HEROES HORS-SERIE #11 (Panini Comics, ? 2002)
- CAPTAIN MARVEL v3 #24-29 (David/Cross/Kirk/Batista) in MARVEL HEROES HORS-SERIE #14 (Panini comics, février 2003)
- CAPTAIN MARVEL v3 #30-35 (David/Cross/Aucoin/Calafiore/J.J. Kirby/Zircher) in MARVEL HEROES HORS-SERIE #16 (Panini Comics, octobre 2003)
Captain Marvel volume 4 (#1-25, novembre 2002-septembre 2004)
- CAPTAIN MARVEL v4 #1-6 (David/Cross/Reiss/P. Medina) in MARVEL HEROES HORS-SERIE #18 (Panini Comics, avril 2004)
- CAPTAIN MARVEL v4 #7-18 (David/K.Jones/Reiss/Azaceta) in CAPTAIN MARVEL: MONSTRES ET DIEUX (coll.Monster Edition, Panini Comics, mai 2006)
- CAPTAIN MARVEL v4 #19-25 (David/Lopresti/Quinn/Giffen) (Inédit)